Entretien Denis Dufour et Jonathan Prager
Entretien avec Roald Baudoux. ACME n°207 pages 14 à 22 et n° 208 pages 30 à 40. 2002.
Roald Baudoux nous gratifie d’un très riche entretien à deux voix sur les coulisses de l’interprétation, sur la préparation de l’interprète avant le concert, sur les caractéristiques de chaque orchestre de haut-parleurs ou de la salle de concert idéale, et autres considérations sur la qualité de l’écoute, etc.
Denis Dufour, ardent défenseur de l’interprète acousmatique, est un pionnier de la discipline. Il a formé toute une génération de musiciens dont Jonathan Prager, aujourd’hui un des plus grands interprètes de cette musique et professeur d’interprétation. Il démontre avec conviction ce que celle-ci apporte à l’œuvre et comment elle « modifie le point de vue de la composition ».
L’un et l’autre donnent un éclairage pointu sur le rôle de l’interprète, un métier à part entière. Par son ressenti, celui-ci fait vivre la musique en concert, il est là pour apporter une touche supplémentaire à la composition, comme il a la responsabilité de la transmettre et de la révéler au public. Sa capacité à incarner les sons, à les mettre en scène, imprime sa marque et son style à l’œuvre. À l’instar des chefs d’orchestre, il doit aussi prendre en compte l’espace de la salle de concert comme les résonances et les caractéristiques sonores des haut-parleurs.
On découvre dans cet entretien l’immense travail de Prager pour s’imprégner des œuvres jusqu’à les savoir par cœur, l’incidence de ses choix dans la disposition de l’acousmonium, le besoin de connaître la tonalité de chaque haut-parleur, ainsi que les effets produits par leur combinaison, etc., afin d’utiliser au maximum son potentiel.
À la lecture de cet entretien, recueilli en 2001 et retranscrit en deux parties dans les numéros 207 et 208 des cahiers de l’Atelier Créatif de Musique Électroacoustique à Bruxelles, il apparaît que l’interprétation de l’œuvre acousmatique semble ne pas aller de soi, qu’elle n’est pas encore considérée comme une donnée essentielle de la projection d’une musique en concert. Cet échange entre Dufour et Prager nous fait réaliser, telle une évidence, ce qu’apporte l’interprète à l’écoute de l’œuvre ainsi que la nécessité de valider une formation à l’interprétation de la musique acousmatique et celle de sa reconnaissance par les institutions.